AKTUALITATEA EDITORIALA IKUSPUNTUA LANGILE ZIENTZIA KOLABORAZIOAK AGENDA GEDAR TB ARTEKA
Argazki Nagusia
ARGAZKIA / Thomas Samson/AFP/Archives
Ipar Euskal Herriko militante batzuk
2025/09/05 11:44

La proposition de budget de Bayrou agite l'état français, et un mouvement social est de nouveau à nos portes. Agir à l'aveugle ne permet pas d'avancer et nous avons pu voir ces dernières années que rêver d'une insurrection ne suffisait pas à la faire. Nous devons comprendre la situation le mieux possible et avoir des objectifs réalistes si nous voulons avancer dans la caractérisation correcte et dans la mise en place des conditions de la révolution dont nous avons besoin.

Le contexte de la proposition de budget

Même si la proposition est brutale, nous devons en comprendre sa rationalité capitaliste et, en même temps qu'on tient fermement le gouvernement Bayrou pour responsable de ces réformes, comprendre que celui-ci n'agit en dernière instance que comme le représentant de l'oligarchie financière, en livrant au profit de cette dernière une énième offensive contre les salaires des travailleurs. En effet, ces mesures ne visent qu'à maintenir la compétitivité et les taux de profits en baisse du Capital français tout en essayant de résoudre le problème de décennies d'endettements des entreprises et de l'Etat. Mais ne nous fourvoyons pas derrière le mysticisme des catégories économiques, car ce qu'il nous faut surtout comprendre, c'est que ce qui est pris d'un côté est enlevé de l'autre, c'est-à-dire, transféré du fonds des salaires à celui des capitalistes. C'est dans cette dynamique qu'il faut situer le démantèlement de l'Etat social, l'augmentation des taux d'exploitations ou encore l'augmentation de l'investissement militaire. L'agenda de l'Etat français suit ainsi en tout point celui de l'Union européenne face à crise d'accumulation du capital : austérité et guerre [1].

L'économie française a cependant la particularité d'avoir maintenu un Etat social coûteux afin d'acheter la paix sociale que la restructuration économique des années 80 avait mis en péril. Ces années de crise se sont caractérisées par le développement technologique impulsé par l'intensification de la concurrence internationale, ce qui a causé une destruction de l'emploi et des salaires. Ainsi, l'Etat a tenté de pallier cette destruction du salaire direct par les aides sociales, qui ont elles-mêmes fini par générer une dépendance des travailleurs à l'État. Mais, face aux protestations du prolétariat, l'Etat français n'a réussi que partiellement sa mission de modernisation, alors même qu'il a augmenté ses dépenses sociales. À titre d'exemple, la France avait en 2019 le deuxième ratio PIB/charges le plus élevé entre les pays de l'OCDE derrière le Danemark, avec les difficultés que cela entraîne pour l'investissement des entreprises [2].

Cependant, les niveaux de croissance, d'endettement et de déficit ne permettent pas de maintenir le niveau des prestations sociales, et, depuis le paradigme capitaliste, le besoin de prendre des mesures drastiques est de plus en plus grand afin de pouvoir faire face à la crise économique qui touche tout l'occident. Ces mesures d'austérité ne seront donc pas les dernières, et elles continueront probablement d'être accompagnées d'un renforcement du tournant autoritaire de l'Etat afin de faire taire toute dissidence potentielle. Le fait que le centre autoritaire, l'extrême droite ou la social-démocratie soient au gouvernement ne changera rien à l'affaire.

Pour conclure, la raison fondamentale de ce budget est donc à chercher ailleurs que dans les figures de Bayrou ou Macron, et réside plutôt dans la tentative de maintien de l'économie française qui est empêtrée dans une crise structurelle. À cet effet, toute proposition politique qui prétend être en mesure de gouverner l'État autrement que ce qui est fait actuellement sera confrontée à l'impossibilité de conjuguer, en ces temps de crise, l'absence de croissance économique, l'endettement chronique et le maintien des salaires. La gauche réformiste, par exemple, même si elle montre une opposition à ce budget, n'a aucun projet politique qui pourrait exister en dehors de cette guerre généralisée contre les salaires, puisqu'elle est elle aussi prisonnière des marges de plus en plus serrées du Capital. Au-delà de cela, les luttes des dernières années nous ont clairement montré le lien direct entre offensive économique et politique tant il est vrai que les dernières protestations se sont toutes heurtées directement à des institutions et outils étatiques antidémocratiques. Cependant, il ne faut pas s'arrêter au seul horizon électoraliste, et il nous faut présenter une autre proposition politique qui dépasse les contradictions dans lesquelles sont enfermées toutes les formations politiques parlementaires.

La possibilité de l'intervention politique révolutionnaire

Cette situation est donc insoluble seulement si on raisonne en termes de gestion capitaliste. L'enjeu de ce constat est central : le prolétariat révolutionnaire ne doit pas régler les problèmes du capital, mais utiliser ses contradictions pour construire le pouvoir socialiste. Au contraire, nous devons même faire obstacle au maximum au pouvoir bourgeois, afin qu'il s'enlise de plus en plus dans la crise. Comme nous l'avons dit précédemment, l'instabilité actuelle est liée aux difficultés qu'ont eues les différents gouvernements à mettre en place les réformes comme ils le souhaitaient.

Dans la voie de la révolution socialiste, nous identifions un grand défi aujourd'hui : la reconstitution du parti communiste de masse à l'échelle internationale, comme parti actualisé d'offensive. (3). Dans cette optique, nous avons deux besoins tactiques : unifier les détachements communistes par le débat stratégique et rendre hégémonique le communisme révolutionnaire au sein des secteurs les plus avancés de la classe, notamment la jeunesse prolétarienne.

L'action communiste prend sens au sein de cette stratégie, et s'adapte aux conflits créés par l'organisation capitaliste de la société, pour frapper de plus en plus fort, dans de plus en plus d'endroits.

Nous plaçons la lutte contre le budget dans ce contexte. Il semble que le prolétariat n'ait plus d'autre choix que de reprendre le meilleur des luttes des dernières années et de les dépasser, et à l'approche de l'échance prochaine il semble qu'il montre justement une certaine volonté à agir en ce sens. À cet effet, nous devons avoir des objectifs clairs tout en étant capables de lier cette lutte à l'accumulation de puissance stratégique. Ainsi, si parfois la reconstitution du Parti demande un travail patient, il peut aussi y avoir des bonds en avant, si nous faisons les bons choix. Aussi, au-delà de la construction du Parti, ce cycle de lutte doit aussi permettre le maintien de meilleures conditions de vie et de lutte pour l'avenir, et, en cas de victoire, augmenter la confiance de la classe dans ses forces.

Propositions de lutte

Même si la proposition de budget a une fonction de catalyseur, nous constatons plus généralement une crise de l'organisation politique de la France. Cette instabilité peut permettre de faire place à la revendication d'un autre pouvoir politique. Pour cela, nous devons amener la lutte contre le budget le plus loin possible, en apportant des propositions d'action et d'organisation au prolétariat. À travers ce texte, nous voudrions proposer quelques idées.

1. Ouverture d'espaces

Ouvrir des espaces qui permettent l'organisation de la classe et qui permettent de faire le lien entre les forces communistes et les secteurs les plus combatifs. Pour cela, le Mouvement Socialiste a proposé de manière théorique et pratique un nouveau paradigme du contrôle de l'espace. Les Centres Socialistes doivent être un outil pour l'accumulation de forces, en offrant un espace d'organisation à la classe travailleuse et en même temps permettre une intervention politique socialiste [4].

2. Constitution d'assemblées de lutte

Le mouvement s'est créé indépendamment de la gauche et des syndicats, et cela a rendu possible la création d'assemblés locales. Même si la radicalisation des manifestations a montré son potentiel pour la recomposition de classe, elle a aussi montré qu'il était nécessaire de mettre en place des espaces pour débattre et décider des actions. Ces assemblées de base doivent permettre une réelle prise de décisions par les travailleurs et être rejoignables. Pour cela, une agitation correcte et des mots d'ordre compréhensibles sont nécessaires. Ces assemblées doivent mener la lutte contre le budget le plus loin possible et mettre en lumière la force de la classe, l'impuissance de la gauche et la nécessité d'un pouvoir politique indépendant. Dans ce sens, les appels à bloquer constituent un mode de lutte difficilement récupérable par le cadre bourgeois.

3. Activer toute la classe, combattre les tendances réactionnaires

L'attaque de Bayrou frappe tous les secteurs de la classe, et cela nous permet de diffuser des mots d'ordre universels. Il peut y avoir une tendance au sein des mouvements sociaux à privilégier les revendications des secteurs les plus aisés des travailleurs, comme les fonctionnaires par exemple. Nous devons inclure les revendications de secteurs plus marginalisés et mettre en avant des mots d'ordre qui contestent la diminution des aides sociales, ou les attaques contre les droits des chômeurs. Par ces revendications, nous devrions intégrer les secteurs les plus touchés par ces réformes et par la crise de manière générale : les jeunes et le prolétariat migrant, en tant que population de plus en plus surnuméraire (du point de vue capitaliste), tout en combattant les tendances réactionnaires, ouvriéristes et corporatistes.

4. Puissance de la jeunesse prolétarisée

La jeunesse a montré plusieurs fois sa force ces dernières années. Elle peut radicaliser le mouvement et mettre en avant des revendications révolutionnaires. Nous devons renforcer, créer ou dynamiser des assemblées de lutte dans les lieux d'étude, qui permettront l'activité politique de la jeunesse. De plus, nous devons lutter pour les droits politiques des étudiants, qui sont de plus en plus agressés et sans défense face à la répression des institutions scolaires et de la police.

5. Propagande socialiste

Nous devons proposer des outils de compréhension de la situation tout en mettant en avant la proposition stratégique de la révolution socialiste, qui devra s'imposer comme l'alternative générale à l'organisation capitaliste de la société. Pour cela, il nous faudra des moyens adaptés à la situation afin de proposer une analyse critique du mouvement, au moment où il se déroule. Ainsi, nous devons être capables de critiquer la social-démocratie en général, que ce soit l'intersyndicale, mais aussi la France Insoumise et tous ceux qui gravitent autour et faire des propositions de lutte adaptées à la situation.

EZ DAGO IRUZKINIK