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Argazki Nagusia
Ipar Euskal Herriko militante batzuk
2024/06/17 12:10

Macron a dit que Léom Blum devait se retourner dans sa tombe avec le Nouveau Front Populaire (NFP). Quand on voit l’utilisation intéressée que font certains de la phrase de Gramsci concernant l’arrivée des monstres entre un monde qui meurt et un autre qui tarde à arriver, on peut tout autant imaginer ce dernier se tortiller dans sa tombe. En effet, le communiste italien n’aurait pas imaginé une seconde circonscrire le phénomène du fascisme aux seuls partis d’extrême droite, contrairement à ceux qui l’invoquent aujourd’hui. Il était bien trop conscient du lien interne qui unit capitalisme et fascisme, ainsi que du fait que certains loups avaient la capacité de se déguiser en mouton. Tâchons donc d’y voir un peu plus clair et de nous poser la bonne question: qui sont les monstres?

Ni-ni

Macron a pris un pari risqué en dissolvant l’Assemblée, même s’il ne met pas en jeu sa propre conservation en tant que président de la République. Il se rêve une nouvelle fois en Bonaparte, en celui capable de remettre de l’ordre en s’élevant au-dessus de la crise et des dissensions politiques. Cependant, il semble cette fois-ci que l’histoire se répète comme une farce et que tous les clowns sont de sortie. Le barrage républicain qu’il espérait reformer autour de sa personne ne convainc plus grand monde. En effet, les partis de gauche et de droite traditionnelle qu’il pensait avoir assimilés ont à nouveau changé de bord, voyant que le mouvement du président n’avait plus le vent en poupe. Nouveau Front Populaire pour les premiers, Rassemblement national pour les seconds. Même la grande bourgeoisie semble inquiétée par cette instabilité. Tout le monde sait bien que les gens ont bien compris que Macron est l’un des responsables de cet état de fait, et qu’il est difficile de faire confiance à un sauveur qui a lui même créé le péril auquel il tente de remédier.

Responsable d’une part, parce qu’il joue à un jeu dangereux en utilisant constamment le Rassemblement National comme épouvantail à des fins électorales, montrant son antifascisme de façade. Or, le barrage républicain a pris un sévère coup dans l’aile, étant donné que l’extrême droite n’a fait que croître durant ses années de pouvoir. D’autre part, en l’absence de majorité absolue, les partis d’extrême droite ont constitué un allié déterminant de sa propre politique réactionnaire et xénophobe des dernières années; vote de la loi immigration, assurance chômage, différentes lois sécuritaires, etc. De telle sorte que l’on aurait parfois du mal de différencier l’un de l’autre, et qu’une éventuelle cohabitation ne représenterait en aucun cas une rupture par rapport aux politiques actuellement en cours. Il est responsable d’autre part, de la réforme autoritaire de l’État qui vise à soumettre à une exception permanente les étrangers et à réprimer toute forme de contestation et de dissidence issue des conséquences de la crise. Pire, responsable d’un processus de militarisation et de fascisation de l’État lui-même et de la société, profitant de et alimentant l’idéologie réactionnaire et fasciste, qui rendront l’exercice du pouvoir plus confortable encore aux partis d’extrême droite. Les fascistes ne pouvaient pas rêver d'un meilleur tapis rouge.

Concernant les partis d’extrême droite, il semble que ce ne soit plus le cas pour une partie de la population telle qu’il faille le rappeler: l’extrême droite n’est assurément pas un vote contestataire au libéralisme autoritaire. Mais plus important encore, le Rassemblement National n’a pas non plus de programme alternatif en dehors de la feuille de route de l’oligarchie financière, c’est-à-dire, en dehors de la guerre, de l’austérité et la disparition des libertés politiques. Il ne faut pas oublier que c’est la grande bourgeoisie qui soumet et assimile dans ses structures politiques les partis fascistes et non pas le contraire, comme nous le montre, mutatis mutandis, l’exemple de Meloni en Italie. En ce sens, le RN a achevé sa normalisation bourgeoise en se dépouillant de son anti-européanisme et en acceptant l’OTAN, attirant de plus en plus vers lui le soutien potentiel de la bourgeoisie. La fin de sa phase populiste s’est caractérisée aussi par l’abandon de certains points qui visait à séduire la classe ouvrière, comme l’abandon du retrait de la réforme des retraites. Il s’affirme en plus comme le pôle d’attraction de toute la droite la plus réactionnaire, ramenant Eric Ciotti (LR) et Marion Maréchal Le Pen (Reconquête) sous sa sphère d’influence, et écartant visiblement Zemmour, potentiellement instable pour exercer le pouvoir. Il y a fort à parier que Bardella ne modifierait en rien l’agenda politique actuel de sortie réactionnaire de la crise, qu’il défend déjà, et ne ferait qu’approfondir la politique d’exception exercée contre le prolétariat migrant, les différentes minorités et les militants politiques ainsi qu’approfondir la normalisation des groupes de choc fascistes (dont il est issu).

En ce qui concerne ces deux blocs dominants, le chantage du vote utile ou du moins pire s’effondre sous son propre poids. Surtout que l’on sait bien qu’autant l’un que l’autre s’alliera à l’autre en cas de second tour contre la gauche.  Donc, entre deux mauvais choix, il n’y a pas à faire de choix. Ou plutôt, il n’y a que le choix de s’organiser afin qu’il n’y ait plus de mauvais choix. En ce sens, il faut retourner l’accusation qui consiste à responsabiliser ce qui s’abstiennent à l’encontre des réels responsables de l’accroissement du fascisme.

Sur le Front Populaire

Si personne ne remet en doute le fait qu’il est important de s’unir contre le fascisme, il s’agit de ne pas le faire n’importe comment. À cet égard, il est légitime de se poser la question du caractère réellement antifasciste d’un tel front populaire, au regard de son cadre d’intervention et des forces politiques qui le composent. Ainsi que, au-delà de l’aspect purement défensif d’une telle union, il est légitime de se poser la question de l’éventuelle capacité qu’aurait celle-ci à devenir offensive et à détruire les conditions qui alimentent le fascisme à l’intérieur des institutions bourgeoises.

En effet, les partis de gauche jouent de manière tout à fait opportuniste sur un imaginaire collectif traversé par un souvenir heureux de la période du vrai front populaire. En effet, celui-ci étant associé à une période d’avancée des droits de la classe ouvrière comme les deux semaines de congés ou la semaine de 40 heures. Inutile de dire que la comparaison est assez intéressée, étant donné qu’à l’époque, il existait des grands partis communistes qui représentaient la classe ouvrière ainsi que l’URRS. Tout comme une bourgeoisie libérale qui pouvait à cette époque encore avoir un caractère progressiste, bien qu’il soit déjà dès lors possible d’en douter.

En plus, le programme du NFP n’est pas de nature à calmer nos inquiétudes. En effet, celui-ci dénote d’abord par son caractère impérialiste que l’on pourrait résumer comme suit: subordination totale à l’OTAN, réarmement de la France, escalade des tensions belliqueuses...

En effet, concernant d’abord la Palestine, les partis de gauche s’accordent sur le réformisme consistant à se plier au droit international et à la situation des deux Etats. Cela se matérialise par la reconnaissance de l’État Palestinien. Cependant, la reconnaissance de l’État génocidaire d’Israël n’est pas remise en question de telle sorte que cette solidarité apparaît comme étant purement symbolique et opportuniste. Pas étonnant lorsque l’on sait que la plupart des forces qui constituent le front sont des soutiens notoires de l’État d’Israël et des partisans de la répression des mouvements de solidarité.

À propos de l’Ukraine, le NFP se dit en faveur de la livraison d’armes, c’est-à-dire, en faveur de l’escalade militariste. De même, le récit officiel atlantiste qui vise à voir en Poutine l’unique responsable de la guerre et en l’Ukraine un pays qui exerce légitimement son droit d’autodéfense n’est pas remis en cause. Ni le fait que l’Ukraine est gangréné pas des éléments fascistes. Glucksmann, le candidat pour le PS ayant recueilli le plus de voix à gauche durant les Européennes, est même allé jusqu’à revendiquer ouvertement la nécessité de l’économie de guerre. Qu’espérer dès lors d’une droite du front populaire totalement indiscernable du bloc libéral autoritaire? Alors qu’on sait en plus que lors de tels fronts, c’est la droite qui fixe les limites de l’alliance.

De même qu’ils n’ont pas été si courageux avec la situation en Kanaky-Nouvelle-Calédonie, pour laquelle il ne propose aucun projet réalisable de décolonisation.

Par ailleurs, la construction européenne figure aussi en tant que point non-négociable du programme. Or, qu’est-ce que l’Union européenne, si ce n’est un entrelac d’institutions totalement bureaucratiques et anti-démocratiques visant à protéger les intérêts des grands oligarques et des grands prêteurs internationaux? Qu’est-ce que l’Union européenne, sinon la structure de commandement qui subordonne les politiques des pays membres à l’agenda de la grande bourgeoisie? Parce qu’il ne faut pas oublier par ailleurs que les politiques keynésiennes proposées par ce front sont irréalisables en l’état actuel de crise du Capital, laquelle ne permet plus une redistribution de la richesse caractéristique de l’époque de l’État providence. Il en dépend des financements venus d’Europe. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à se rappeler de l’exemple de Syriza. Mélenchon aime à répondre que la France ce n’est pas la Grèce en termes de puissance. Il oublie cependant qu’il est dans un pays surendetté qui a une croissance tout juste supérieure à 0.

Et, soit dit en passant, si nous avons dit plus haut que l’extrême droite a accepté l’Union européenne comme légitime ce n’est pas qu’à des fins électoralistes. En effet, c’est aussi parce que les politiques menées par l’UE sont tout à fait compatibles avec le programme de l’extrême droite: pacte européen sur la migration, soutien actif au génocide, approvisionnement des néonazis en Ukraine…

Voilà quelques points qui pourraient nous faire douter du caractère réellement antifasciste d’un tel front. Mais surtout, qui pourraient nous faire douter de la capacité de « rupture » d’un tel programme. En effet, on voit mal sa capacité à remédier à la guerre, à la misère sociale grandissante ou encore à la criminalisation des minorités les plus fragiles du prolétariat. Ce front est condamné à reproduire les mêmes politiques et fausses illusions qui ont alimenté le fascisme par le passé. D’ailleurs, le Parti Socialiste a même eu l’audace de présenter François Hollande sous le mandat duquel le fascisme a cru d’une manière ahurissante.

Et pour ceux qui fondent leur espoir dans la gauche radicale de cette alliance et notamment dans LFI, ce mouvement a pour seul avantage de ne jamais avoir eu à exercer le pouvoir. il suffit pour s’en convaincre de se rappeler de ses positions lors de l’adoption de la loi de programmation militaire qui prévoyait un budget déjà historiquement élevé, lors duquel elle est même allée jusqu’à défendre une augmentation de celui-ci. En outre, ce même mouvement se dit en faveur de la conscription citoyenne et de la nécessité d’une formation minimale au maniement des armes. Au fond, bien que d’une manière camouflée et dans un souhait illusoire de « non-alignement », LFI ne fait que défendre les intérêts impérialistes français. Sa défense indéfectible de la République est aussi un exemple de cela. La même République qui a réprimé par le sang la commune de Paris, qui a encouragé l’expansion coloniale ou qui a constamment étouffé le mouvement ouvrier.

Quel antifascisme?

D’abord est avant tout, il faut souligner le fait qu’il est impossible de comprendre le fascisme en dehors de la dynamique sociale capitaliste. Et qu’il faut donc en terminer avec le capitalisme pour en terminer aussi avec le fascisme. Plus précisément, il est impossible de comprendre sa résurgence en dehors de la crise capitaliste et de la misère grandissante ainsi que l’instabilité sociale qu’elle engendre. C’est ainsi qu’une grande partie de la petite bourgeoisie radicalisée voit dans le fascisme le programme qui lui permettra de maintenir ses conditions de vie et son statut social. Et cela, bien qu’il faille que cela implique de sacrifier des segments plus fragiles du prolétariat. C’est d’autant plus vrai lorsque l’on prend acte de la défaite historique du programme de la social-démocratie en tant que projet de société alternatif de la classe moyenne. Un programme voué à répéter sans cesse les mêmes promesses de bien-être généralisé et d’une conflictualité sociale disparue, mais qui n’ont aucune chance d’advenir, et qui alimentent le vote d’extrême droite.

De ce qu’il suit, il faut donc définitivement enterrer le mythe social-démocrate antifasciste qui vise à nous faire croire que le fascisme se combat au travers du vote à gauche. Le fascisme se combat en dehors de la mascarade électorale et des institutions bourgeoise qui n’ont de cesse de le reproduire. Et c’est aussi pour ça qu’il est important de ne pas le réduire à son expression institutionnelle, mais de le comprendre en tant que mouvement intégral, enraciné de plus en plus au sein de la société civile. En ce sens, le fascisme se combat aussi de manière intégrale au travers de l’organisation de grands partis communistes, capables d’articuler la lutte antifasciste à la lutte pour l’hégémonie communiste. Communisme qui doit être étendu à tous les secteurs de la classe ouvrière afin de généraliser une vision du monde et une manière d’agir plus égalitaires. Communisme vu comme un ordre civilisationnel dans lequel la richesse et la liberté sont le patrimoine de tous, est seul capable de mettre fin aux conditions qui font naître le fascisme.

Il suffit de regarder l’abstention pour s’apercevoir du fait que les segments duprolétariats qui ne votent pas sont ceux qui ont bien compris que les élections n’amélioraient pas leur situation, c’est-à-dire la jeunesse et le prolétariat migrant. Le refus de l’état actuel des choses est un fait grandissant, à nous de lui donner un sens.

Ainsi, il est urgent de s'organiser et d'agir pendant les deux semaines à venir, mais aussi au-delà. La riposte immédiate après les annonces de Macron nous montre la voie, il ne faut laisser aucun espace au fascisme, et lutter contre ceux qui ont voté pour ces partis. Nous devons utiliser ce moment pour constituer des cadres organisationnels permanents qui permettront d’organiser la résistance contre l'extrêmedroite, maiss aussi afin d’accroître nos droits politiques. Ce qui nous permettra aussi de lutter contre l’État et de s’organiser de manière indépendante. Cela permettrait une intervention politique révolutionnaire, seule en capacité d'offrir un projet capable de détruire le capitalisme.

Pour cela, nous allons créer des espaces d'organisation indépendants dans les prochains jours en dehors de l'union électoraliste de la gauche institutionnelle, qui n'est pas capable d'affronter le fascisme dans toutes ses formes. Par cette organisation, nous voulons combattre la fascisation de la société dans son ensemble, mais aussi rendre l'organisation révolutionnaire possible, en la rendant visible par des mobilisations indépendantes à tous les partis de l'Ordre.

En ce sens, nous pensons également qu’il est essentiel de s’unir contre le fascisme, et de le faire avec toutes les forces authentiquement antifasciste à la volonté révolutionnaire. Nous invitons par ailleurs toutes les personnes à la volonté authentiquement antifasciste à se joindre à nos différents appels.

EZ DAGO IRUZKINIK