Les droits politiques, compris comme droits collectifs de participation à des questions générales concernant l'organisation de la société, sont totalement restreints sous le capitalisme, principalement par l'intermédiaire de l'État en tant qu'instrument de domination politique de la bourgeoisie. Ces droits sont garantis seulement comme droit de participer à l'État à travers son cadre institutionnel ou bien comme droit de participer à la société civile. Ces deux participations étant inéluctablement soumises à un impératif : ne pas ébranler l’ordre social bourgeois et ses fondements. C'est dans ces deux limites que se trouve donc la condition de l'exercice des droits politiques : le respect du régime capitaliste d'accumulation.
En ce sens, au-delà de l'égalité formelle au niveau juridique, les droits politiques émanent en fait de la propriété et, par conséquent, il existe une division de classe dans leur exercice. L'oligarchie, en tant que fraction dominante de la bourgeoisie, a le plein droit d'organiser la société en fonction de ses propres intérêts d'accumulation, puisqu'elle détient les principaux moyens internationaux de production et de distribution des richesses, y compris même, dans une certaine mesure, les États. Quant aux classes moyennes, elles ont un certain contrôle sur les instances intermédiaires du pouvoir qui leur permet de protéger leur propriété et leur position privilégiée, par la participation aux appareils d'État, entre autres choses. Enfin, le prolétariat, en tant que classe dépossédée et dominée, n'a pas de droits politiques garantis, puisque ses intérêts ne peuvent être réalisés qu'en dehors des deux restrictions mentionnées ci-dessus : les limites de l'État bourgeois et du maintien de l'ordre social capitaliste.
La bourgeoisie supprime les droits politiques du prolétariat principalement par le biais de l'appareil répressif de l'État, qui agit également comme un puissant dispositif culturel anti-prolétarien. Parmi ces appareils figurent l'armée, le système judiciaire et la police, qui sont chargés de discipliner le prolétariat et de contenir ses intérêts historiques d'émancipation. Il convient également de mentionner ici le fascisme en tant que mécanisme fonctionnel et dépendant de l'État, qui attaque de front les conditions de l'activité politique indépendante du prolétariat. En outre, nous devons garder à l'esprit que la crise ou l'incapacité de la classe dirigeante à relancer avec succès un nouveau cycle d'accumulation capitaliste génère une série de transformations dans la manière dont la société est gouvernée, qui se caractérise par un renforcement autoritaire de l'État, qui durcit ses appareils répressifs, et qui aggrave donc considérablement les conditions de participation politique de la classe ouvrière.
En raison de cette exclusion structurelle du prolétaire dans la société capitaliste, il faut considérer le droit à la révolution comme son droit politique historique. Droit à la révolution entendu comme le droit de s'approprier les conditions de production et de distribution des richesses matérielles et culturelles qu'il a lui-même générées et de céder la place à une organisation sociale fondée non plus sur le profit privé d'une classe au détriment d'une autre, mais sur la base d'un accès universel aux richesses et d'un contrôle collectif de l'organisation de la société.
Par conséquent, le principal droit politique à revendiquer pour le prolétariat est le droit à la révolution socialiste. Cette revendication ne peut bien évidemment pas prendre la forme de pétitions à l'Etat, naturellement irréalisable sous le capitalisme, mais doit passer par la conquête de l'ensemble des conditions qui la rendent effective. De ce point de vue, les droits politiques du prolétariat sont équivalents à ses propres conditions de lutte, au cadre de possibilité de l'activité révolutionnaire, qui, à son tour, est le résultat de la force organisée du prolétariat à un moment donné.
Il est nécessaire de lutter pour arracher des conditions concrètes de lutte telles que le droit à s'organiser de manière indépendante, le droit de manifester ou le droit à la liberté d'expression révolutionnaire et de propagande communiste, entre autres, ainsi que d'affronter les mécanismes répressifs qui limitent ou suppriment ces mêmes droits, et visent à leur dissolution.
Ces luttes ne doivent pas se limiter au domaine étroit des droits juridiques inscrits dans la loi de l'ennemi, mais doivent aller au-delà en visant la conquête de toujours plus de conditions pour la révolution socialiste.
HEMEN ARGITARATUA